Nature en péril

En 2018, 343 millions de tonnes de déchets ont été produites en France selon le ministère de la Transition écologique. Une augmentation à la hausse par rapport à 2016 de 6,4 %. Le responsable, l’Homme, ce superprédateur. Pourtant, cet état de fait devait changer après la pandémie… Une autre vie nous attendait : plus saine, plus calme, plus environnementale… Vous y avez cru, vous ?

Une si paisible clairière…

Ils sont arrivés en fin d’après-midi. Je commençais tout juste à m’assoupir. J’ai entendu l’éclat de leur voix, stridente.

Surprise.

Je ne pouvais pas les manquer ; il ne passe jamais personne ici, à part quelques amis. Ils se sont approchés : un homme et une femme. Ils se disputaient. Ils ont discuté longtemps, tourné plusieurs fois en rond puis posé leurs affaires.

Elle, petite, cheveux frisés, short et tee-shirt mauves. Lui, grand échalas à lunettes, cheveux longs, pantalon et pull kaki.

La femme s’est assise sur un tronc d’arbre et n’a plus bougé. Elle a crié à son compagnon qu’elle était trop fatiguée pour l’aider à planter la tente.

La tente ?…

Lui a vociféré que, de toute manière, elle aurait fait n’importe quoi.

Ambiance.

L’homme lui a tourné le dos. Il a sorti une toile de son sac, l’a dépliée sur le sol, en plein milieu de la clairière. Le tissu argenté posé sur le tapis d’herbes jetait des éclats de lumière. Un faîte muni d’une grande ouverture a pris forme.

« Tape plus fort sur les sardines », lui a crié sa compagne, toujours assise sur la souche.

L’homme a beuglé que si elle n’était pas contente, elle pouvait le faire elle-même…planter les sardines !

Bienveillance.

Il a quand même frappé avec plus de vigueur. Sa peau s’est tachée d’une vilaine couleur cerise. Le bruit a résonné dans toute la clairière. Les oiseaux ont fui dans toutes les directions.

La femme s’est mise soudain à s’agiter. Elle se donnait de grandes claques sur les jambes et sur les bras.

Ces pu… de moustiques, a-t-elle vociféré.

Elle s’est levée tel un ressort, a farfouillé dans son sac… a sorti une bouteille en plastique..

Tu vas vider ce satané flacon a rugi l’homme.

La femme, les mains sur les hanches, lui a rétorqué qu’elle s’en fichait. Elle a jeté la bouteille. Celle-ci a fini sa course dans les fourrés.

Image.

Après cette scène, son compagnon est parti chercher du bois pour allumer un feu. Il a hurlé qu’il aurait enfin la paix. Si elle pouvait être bouffée par une bête sauvage se serait parfait !

La femme a levé les yeux au ciel. Elle a aboyé qu’elle était trop coriace pour être mangée. Par contre, lui…

Elle n’a pas entendu sa réponse.

Moi, oui…

Cette dernière, une fois seule, s’est approchée du plus gros sac. Elle y a extrait tout un attirail : réchaud, assiettes en carton, boîtes de conserve…

Ces dernières, une fois vidées, ont rejoint la bouteille en plastique.

Pollution.

Peu après, l’homme est revenu avec deux petits sapins sous le bras. La femme a rouspété…cela n’allait pas brûler longtemps.

Lui a rétorqué que si elle n’était pas contente, elle pouvait en arracher deux autres, de ces foutus sapins. Il a levé ses mains ensanglantées.

Elle, lui a souri…

Ils se sont assis loin de l’autre, ont sorti deux canettes du sac.

Silence.

Après deux bières, ils se sont rapprochés. Lui a allumé une radio, elle a braillé les paroles d’une chanson. Tous les insectes ont déserté le secteur.

Après le repas, la femme a pris les assiettes en carton, les canettes et les a jetées dans un buisson.

Outrage.

De toute manière, personne ne passera par là avant des siècles… ; dans ce trou perdu qu’elle a rajouté.

Ils se sont de nouveau querellés. Lui est parti se coucher, seul ; elle est restée devant le feu qui crépitait.

Plus tard, dans le silence de la nuit, cette dernière a crié qu’elle savait que ces deux foutus sapins ne suffiraient pas. Elle a arraché tous les petits arbustes aux alentours.

Vengeance.

Quand elle a disparu sous la tente, les habitants du lieu n’ont pas osé revenir. Ils ronflaient comme des locomotives.

Le lendemain, à l’aube, ils ont plié bagage. En souvenir de leur passage : une bouteille en plastique, des canettes en aluminium, des boîtes de conserve, des feuilles de papier toilette bleu à fleurs, une sardine oubliée, des arbustes arrachés…

Décor.

Mes amis ne m’ont pas visité tout de suite…à cause de l’odeur. Ils ont uriné sur mes racines, moi, le vieil arbre bicentenaire. Je n’ai pas dormi pendant un mois. S’il en revenait d’autres…

L’homme, ce superprédateur…

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