De nos jours, les recherches sur ce mystérieux savant du XVIe siècle continuent. Médecin, astrologue, apothicaire, cet homme aux mille vies surprend et intrigue toujours les historiens. Véritable devin ou esprit rusé, qui est Nostradamus, cet homme de la Renaissance célèbre pour ses prophéties ?
Il est important de rappeler que peu de sources sur la vie de Nostradamus sont arrivées jusqu’à nous. Elles nous proviennent des écrits mystérieux et parfois indéchiffrables de Nostradamus lui-même, ou de son fils César. Ce dernier a retranscrit l’histoire de son père après sa mort, non sans y apporter quelques modifications. L’histoire de ce mystérieux devin du XVIe siècle regorge ainsi d’incertitudes.
Les premiers pas de Nostradamus
Michel de Nostredame, dit Nostradamus, voit le jour le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence, au sein d’une famille juive convertie au catholicisme. Cet homme énigmatique possédera plusieurs vies : apothicaire, auteur, médecin et astrologue. Mais il est avant tout un grand érudit.
Enfance et études de médecine
Nostradamus est né dans un petit village du sud de la France. Dès son enfance, sa vie est rythmée par l’apprentissage et la connaissance. Son grand-père et tuteur, Jean de Saint-Rémy, lui enseigne notamment le latin, les maths, le grec ou encore, l’hébreu.
À 14 ans, il étudie à l’université d’Avignon où il aurait décroché un diplôme aujourd’hui comparable à notre baccalauréat. Déjà animé par l’astronomie et l’astrologie, on le dit doué d’une mémoire divine et ses connaissances font beaucoup parler de lui. Nostradamus s’intéresse aux phénomènes célestes tels que les étoiles filantes et les météores, sujets encore flous pour beaucoup de monde à cette époque. Autour de 1529, il étudie la médecine à l’université de Montpellier. Quatre ans plus tard, il termine, avec succès, son doctorat. Il se forme même à l’astrologie, considérée à la Renaissance comme une science officielle.
Nostradamus s’intéresse aux plantes médicinales
Au XVIe siècle, une épidémie de peste dévastatrice s’abat sur le pays, obligeant bien souvent la faculté à fermer ses portes. Nostradamus profite de ce temps pour étudier de nouvelles matières, mettant de côté la médecine traditionnelle. Il s’instruit sur les plantes et leur pouvoir médicinal et se forme de manière autodidacte à l’herboristerie. Il s’intéresse notamment aux recettes dites « de grand-mère » et à leurs bienfaits.
À côté de ses études de médecine, il assiste les médecins et aide à soigner les malades. Puis, il devient apothicaire. Savant créateur, il réussit à mettre au point un remède efficace contre la peste. Cette avancée médicale l’amène à visiter plusieurs grandes villes de France afin de venir en aide aux pestiférés.
Enfin, il publie en 1552 un traité « des fardements et confitures », un ouvrage reprenant des recettes de confitures vendues à l’époque à titre de médicaments. On y retrouve entre autres la recette de la confiture de courges permettant de soulager le foie ou celle du sirop de rose et ses vertus laxatives !
Nostradamus : apothicaire et astrologue
Entre 1540 et 1545, Nostradamus voyage en solitaire en France et en Italie à la rencontre de savants et de grands médecins.
Nostradamus contre la peste
On peut dire que l’apothicaire sait faire parler de lui ! Sa médecine plutôt progressiste pour le XVIe siècle intrigue autant qu’elle dérange. Nostradamus propose des traitements et donne des conseils tels que :
- une bonne hygiène corporelle ;
- un régime faible en graisse ;
- respirer de l’air frais et pur.
Il se déplace dans plusieurs villes de France et dans les campagnes pour prendre soin des contaminés. En 1544 par exemple, il est à Marseille pour soigner les malades de la peste. En 1546, il est présent pendant l’épidémie d’Aix qui fut terrible.
La peste eut raison de sa première femme Henriette d’Eucausse et de ses deux enfants. Nostradamus se remarie en 1547 avec Anne Ponsard avec qui il a six enfants. Ensemble, ils vivent dans le village de Salon-de-Provence, dans une petite maison dans laquelle il restera jusqu’à la fin de ses jours. Aujourd’hui, il est possible de visiter leur demeure, transformée en musée consacré à la vie de Michel de Nostredame.
Astrologue à la cour du roi
La notoriété de Nostradamus le propulse à la cour du roi. Considéré comme un sorcier, son sens des affaires, son succès et ses prédictions éveillent la curiosité des puissants. En 1555, Catherine de Médicis souhaite rencontrer le mage dont tout le monde parle. Elle l’invite à la cour afin de rédiger l’horoscope de ses enfants.
Avec le temps, Nostradamus gagne la confiance de la reine. Il aurait séjourné six semaines au château de Chaumont-sur-Loire, dans le Val de Loire, où il se fait remarquer pour ses curieux talents divinatoires. Étrangement, sa chambre est attenante à celle de Catherine de Médicis. Il faut savoir que jamais personne ne dormait aussi proche de la reine, celle-ci étant toujours précédée d’une antichambre ou de la chambre des gardes.
En 1564, Nostradamus est nommé médecin du roi par le jeune Charles IX, alors en visite chez lui, à Salon-de-Provence. Puis en 1965, Catherine de Médicis le choisit comme conseiller royal.
Jusqu’à son dernier souffle, Nostradamus aura été un mystère. Il aurait prédit sa mort auprès de Chavigny, son secrétaire. Il lui aurait dit, la veille de son décès, qu’il ne le trouverait pas vivant le lendemain. Le 2 juillet 1566, Michel de Nostredame dit Nostradamus, meurt chez lui à Salon-de-Provence, atteint de la goutte.
Où est mort Nostradamus ?
Si vous visitez Salon-de-Provence, ne manquez pas de passer à l’église Saint-Laurent. En effet, vous découvrirez la tombe de Nostradamus, dans la chapelle de la Vierge.
Sachez qu’à l’origine ce dernier fut inhumé à l’église des Cordeliers. Mais en 1791, des gardes marseillais en profanèrent la tombe et détruisirent la plupart des ossements. Le maire de Salon de l’époque, Jean André David, transférera alors les restes de sa dépouille dans l’église Saint-Laurent, avec le portrait du savant et de son fils César.
Les prédictions de Nostradamus : 1555
Au cours de son existence, Nostradamus n’est pas seulement apothicaire, astrologue, ou conseiller. Il est aussi écrivain. En 1550, il publie le premier d’une longue série d’almanachs qui obtinrent un succès retentissant. Ces petits ouvrages populaires contiennent des prédictions astrologiques, météorologiques, des conseils médicaux, etc. Cinq ans plus tard, il publie Les Prophéties, un ouvrage énigmatique et controversé qui a fondé la légende de Nostradamus.
Quelle est la nature des prophéties de Nostradamus ?
Le premier recueil des Prophéties est publié en 1555 par un imprimeur lyonnais. Découpés en centuries (cent quatrains), ces textes sont rédigés en latin, mais aussi en français, en grec ou en provençale. Souvent non datées, Les prophéties sont rédigées dans un style d’écriture obscure avec un vocabulaire parfois incompréhensible. Écrit couramment à l’infinitif et sans indication d’espace-temps, ses prédictions se révèlent difficilement lisibles.
Nostradamus aurait tout de même assuré que le monde serait témoin de la plupart de ses prophéties et qu’elles seraient comprises par l’humanité. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, ses prophéties fascinent le monde.
Dans ses prédictions, il parle politique, flatte parfois les puissants du pays, annonce des évènements graves ou la mort de personnage célèbres. Cette oeuvre regroupe des prédictions sur l’avenir et sur les évènements parfois malheureux dont notre humanité est censée être le témoin.
Devin ou charlatan : les prédictions les plus célèbres de Nostradamus
Pour rédiger ses prédictions, Nostradamus aurait utilisé diverses méthodes telles que l’étude du mouvement des planètes, les chroniques médiévales, les textes religieux ou le calcul astronomique.
Parmi les prophéties écrites par le devin, la plus célèbre est l’annonce de la mort du roi Henri II. En 1559, Henri II décide de donner une fête pour célébrer le mariage de sa fille avec le roi d’Espagne Philippe II. Il organise alors des tournois dans la rue la plus importante de Paris, la rue Saint-Antoine, à deux pas du quartier des Halls. Henri II décide de participer à un affrontement dans lequel il reçoit la lance de son adversaire, dans l’œil. Le roi aurait mal ajusté la visière de son heaume doré. Après dix jours de souffrance, le roi décède le 10 juillet 1559.
Cette tragédie fut, soi-disant, annoncée par Nostradamus, dans un quatrain énigmatique, quatre années plus tôt :
« Le Lyon jeune le vieux surmontera ; En champ bellique par singulier duelle ; Dans cage d’or les yeux lui crèvera ; Deux classes une ; puis mourir, mort cruelle. »
Selon ses partisans, plusieurs prophéties se seraient réalisées. Parmi elles :
L’incendie de Londres
« Le sang du iuste à Londres fera faute, Bruslez par foudres de vingt trois les six, La dame antique cherra de place haute, De mesmes sectes plusieurs serront occis. » Nostradamus prédit que la ville brûlera par la foudre. Le feu qui embrasa Londres fut déclenché par une étincelle dans une boulangerie.
La Révolution française.
« D’esprit de regne musnimes descriées, Et seront peuples esmeuz contre leur Roy, Paix faict nouveau, sainces loix empirees, Rapis onc fut en si tesdur arroy. »
Nostradamus y parle d’émeutes contre le roi.
Qui est vraiment Nostradamus : les recherches sur ce grand érudit continuent
Après un long voyage au cœur de la vie de Michel de Nostredame, retournons au XXIe siècle. Aujourd’hui, l’histoire de Nostradamus et ses Prophéties font l’objet de diverses recherches et de débats entre historiens. Les chercheurs se heurtent à diverses difficultés.
Le premier obstacle qu’ils rencontrent est le sérieux manque de sources. À noter que peu d’ouvrages originaux sont arrivés jusqu’à nous. Il faut donc être très attentifs aux sources. Avec le temps, les reproductions et tirages populaires ont modifié les écrits.
Le deuxième obstacle : la difficulté à comprendre les lettres et les écrits de Nostradamus, rédigés d’une telle manière que nos contemporains ne parviennent pas à tous les déchiffrer. En réalité, il est difficile de décoder ses textes de manière sûre. Écrites dans un français parfois très obscur, les interprétations demeurent multiples. Et la majeure partie du temps, ces dernières sont effectuées sur des événements historiques déjà passés.
Le monde a tenté pendant des siècles de percer le mystère des Prophéties de Nostradamus. Les recherches et les multiples interprétations de ses textes ont fait de lui le mystérieux devin le plus célèbre du monde. Une chose est sûre, Nostradamus aura su faire parler de lui grâce à ses écrits. Car, s’il y a bien une chose qui fonctionne autant au XVIe qu’au XXIe siècle, c’est l’attrait pour le mystère et les secrets !
La question se pose encore aujourd’hui : qui est Nostradamus, vrai ou faux devin ?
Et vous qu’en pensez-vous ?
Marine Thominot pour Le Style est…
Crédit photos : Nathalie Baills-barré ; Gallica Bnf ; Wellcome Collection Galery
Les autres sources sur Nostradamus
Revue L’Histoire