Qu’est-ce qui caractérise un musée des beaux-arts ?

Les musées des beaux-arts et d’art constituent des piliers essentiels de notre héritage culturel. Ils suscitent pourtant des questions cruciales. Certes, le terme « art » semble clair, mais pourquoi ajouter l’adjectif « beau » ? Et que désigne au juste ce pluriel ?

Qu’est-ce qui détermine les beaux-arts ?

Les beaux-arts se définissent comme des arts dont le sujet consiste en la représentation du beau et, plus particulièrement, du beau plastique. Remonter aux origines de l’expression « beaux-arts » s’avère nécessaire pour appréhender pleinement la signification de ce « beau ».

Une expression issue de Jean de La Fontaine

Le vocable « beaux-arts » apparaît pour la première fois dans Le Songe de Vaux de Jean de La Fontaine en 1671. L’auteur des Fables revisite les catégories inventées au XVIIe siècle et regroupées sous le terme « beaux-arts ». Il cite notamment la peinture, la sculpture, la gravure et l’architecture, tous des arts visuels. « Je peins, quand il me plaît, la Peinture elle-même./Oui, beaux-arts, quand je veux, j’étale vos attraits » (Le songe de Vaulx, Éloge de la Poésie).

Une notion de beaux-arts qui évolue au fil du temps

 À l’époque moderne, la notion d’art évolue, engendrant une distinction entre « artiste » et « artisan ». Au XVIIe siècle, les « beaux-arts » s’opposent aux « métiers », regroupant des savoir-faire similaires tels que les « arts décoratifs ». Cette frontière tendra cependant à s’estomper avec le temps.

Aux XVIIIe et XIXe siècles, la catégorie des beaux-arts s’élargit, stimulée par des classes aisées avides d’art. Elle inclut la musique et la littérature avec des disciplines aussi variées que l’arithmétique, l’astronomie ou la grammaire.

Avec l’avènement du terme « beaux arts », l’art affirme sa visée : le beau devient une fin en soi. De cette idée découle la notion, toujours présente aujourd’hui, selon laquelle l’art consiste à « produire du beau ». Cette perspective, assez subjective, ouvre la voie à l’intégration de nouvelles techniques dans ce domaine. Ainsi l’Académie des beaux-arts admet la chorégraphie en 2018.

Les beaux-arts se définissent comme « l’ensemble des arts majeurs ou simplement des arts, soit la peinture, la sculpture, la gravure, l’architecture, appelés aussi arts plastiques ».

portrait jean de la fontaine
Portrait de Jean de La Fontaine en buste, estampe Gérard Edelinck (Gallica, BNF).

Quelles disciplines relèvent des beaux-arts ?

Les beaux-arts, appelés aussi arts plastiques, incluent de nombreuses disciplines artistiques : peinture, sculpture, dessin, photographie, gravure, architecture, arts numériques… afin de former des formes et des images.

Un concept ouvert à d’autres disciplines artistiques

Les beaux-arts ont élargi leur champ afin d’englober d’autres formes artistiques. Celles-ci sont réalisées pour leur valeur esthétique, leur beauté, et se distinguent des arts appliqués et de l’artisanat. La différenciation s’établit sur le critère de l’utilité. Les œuvres d’art ne présentent aucun intérêt pratique contrairement aux objets techniques. 

📌Art appliqué : affiche, graphisme, imprimerie, publicité.

Une discipline qui évolue avec son temps

Les beaux-arts restent soumis à l’évolution du temps. Cependant, ils comportent une gamme d’activités pérenne comme le dessin, avec des procédés variés, l’illustration du livre ou la caricature. En peinture, on retrouve la peinture encaustique, la tempera, la peinture à l’huile, l’aquarelle, la gouache et les acryliques. La sculpture, composante majeure, s’exprime à travers des matériaux tels le bronze, la pierre et le bois.

Quelques exemples de disciplines intégrées dans les beaux-arts

La gravure inclut des techniques diversifiées comme les gravures sur bois, la lithographie, et la sérigraphie. D’autres formes artistiques intégrées comprennent la photographie, l’architecture, l’enluminure de manuscrit, la calligraphie, et l’animation. Cette diversité reflète l’expansion et la constante réinterprétation de ce domaine artistique au fil du temps.

Le rôle des musées des beaux-arts : deux exemples

Ce type d’établissement se voue à la conservation et à la mise en exposition d’œuvres d’art, principalement d’art visuel. Il est crucial de souligner la variété de ces musées, tant en termes de taille, de collections que de statut.

Le musée des Beaux-arts de Lyon

Le musée des Beaux-arts de Lyon, établissement municipal, se distingue par la diversité de ses collections. En explorant ses salles, les visiteurs voyageront à travers les fascinantes civilisations de l’Antiquité, de l’Égypte, du Proche et du Moyen-Orient.

Le département des objets d’art renferme une multitude de trésors. Ils témoignent de plusieurs siècles d’histoire du Moyen Âge au XXe siècle. Des ivoires byzantins aux émaux peints de Limoges, en passant par les décors des faïences de la Renaissance. Les visiteurs voyagent ainsi à travers les époques. Ils se trouveront finalement captivés par la chambre Art nouveau conçue par Hector Guimard.

Le département des sculptures présente près de 1 000 œuvres. Il met en avant deux périodes majeures : le Moyen Âge et la Renaissance, d’une part, et le XIXe siècle ainsi que le début du XXe siècle, d’autre part.

Enfin, le cabinet des arts graphiques du musée des Beaux-arts de Lyon abrite environ 15 000 œuvres, principalement sur support papier. Elles couvrent une vaste période du XVIe au XXIe siècle.

Musée des beaux arts à Lyon
Salon des fleurs, salle 14, du musée des Beaux-arts à Lyon (Romainbehar).

Le musée de Bâle : premier musée d’art ouvert au public dans le monde

Le Kunstmuseum Basel propose un voyage à travers l’histoire de l’art du 15e siècle à nos jours. Sa collection de chefs-d’œuvre, ses expositions temporaires prestigieuses et ses programmes variés offrent au public une immersion complète dans l’art. Parmi les trésors à découvrir :

  • Une collection sur les maîtres anciens du XVe au XVIIe siècle, avec des œuvres de Hans Holbein l’Ancien, J. Konrad Witz et Rembrandt.
  • Une collection sur le XIXe siècle et le modernisme classique, avec des artistes tels que Paul Klee, Pablo Picasso et Vincent Van Gogh.
  • Une collection sur l’art des années 1960 et l’art contemporain, avec des œuvres de Frank Stella, Andy Warhol et Martha Rosler.
  • Un cabinet de gravure sur cuivre, où vous pouvez admirer notamment des œuvres de Paul Cézanne, Georges Seurat et Antonio Tempesta.

Cette diversité témoigne de l’ampleur et de la richesse des expressions artistiques préservées et exposées à travers ces institutions dédiées. Les collections sont très variées. Les œuvres peuvent aller de l’Antiquité à l’Art moderne. Les conservateurs sont soucieux de proposer au public une sélection représentative de l’histoire de l’art. Ceci au cours des différentes périodes et selon les styles.

musée des beaux arts à bâle, en Suisse
Salle du musée des Beaux-arts à Bâle, Suisse (PantaRhei).

Quelle est la différence entre un musée d’art et un musée des beaux-arts ?

Les distinctions résident principalement dans la portée et la diversité de leurs collections respectives :

Un musée d’art peut englober une variété d’expressions artistiques, allant de l’art contemporain à l’art populaire, en passant par les arts décoratifs.

  • À Roubaix, vous pouvez découvrir la Piscine, musée de l’art et de l’industrie. Ce musée possède un fonds d’art décoratif avec des céramiques de Sèvres, de Picasso et de Dufy, des verreries, mobiliers et bijoux.
  • À Paris, le Palais de Tokyo est dédié à l’art contemporain. Il est à ce jour le plus grand centre de création contemporaine d’Europe. 

Les musées d’art jouissent d’un champ d’application souvent plus vaste, au contraire des musées des beaux-arts avec une sélection spécifique de disciplines artistiques.

  • À Calais, vous pourrez admirer l’art de la dentellerie à la Cité de la dentelle et de la mode, musée de référence de la dentelle tissée sur métiers mécaniques
  • À Grasse, le musée provençal du costume et du bijou vous permettra de découvrir l’art du textile. Cet établissement abrite une collection unique par sa qualité et sa diversité de vêtements et bijoux du XVIIIe à la fin du XIXe siècle. Ceci dans la tradition provençale. 

En fin de compte, la mission fondamentale des deux types de musées consiste à préserver, exposer, et promouvoir l’appréciation de l’art.

Processus de sélection des œuvres et responsabilités associées au sein des musées des beaux-arts

Le choix des œuvres implique un processus rigoureux, guidé par des normes spécifiques. Les conservateurs, experts dans leurs domaines respectifs, jouent un rôle central dans ce processus. Les critères de sélection incluent la qualité artistique, l’importance historique, la rareté, la cohérence avec la mission du musée, et la diversité des collections.

  • « Les Ménines » — Diégo Velázquez (Musée du Prado) : Cette œuvre est sélectionnée pour sa complexité artistique et son statut emblématique dans l’histoire de l’art espagnol.
  • « La Persistance de la mémoire » — Salvador Dalí (Musée d’art moderne de New York) : Cette sculpture est choisie pour sa contribution à l’art moderne et son impact sur le mouvement surréaliste.
  • « La Grande Vague de Kanagawa » — Katsushika Hokusai (Metropolitan Museum of Art) : Cette estampe japonaise est sélectionnée pour sa qualité artistique exceptionnelle et son influence sur l’art occidental.
  • « La délicate Vierge à l’Enfant du Pérugin », maître de Raphaël (Musée des beaux-arts de Nancy). Elle offre un spectaculaire témoignage de la perfection atteinte par les maîtres de la Renaissance italienne

Les responsabilités associées à la préservation des œuvres d’art s’avèrent multiples. Les conservateurs ou les gestionnaires de collections doivent assurer leur protection afin d’éviter toute dégradation. La prévention des dommages est principalement liée :

  • à la lumière,
  • à l’humidité,
  • aux insectes
  • Aux manipulations et conditionnements.

Les musées des beaux-arts jouent un rôle central dans la préservation et la promotion de l’art et de la culture. Ils sont des acteurs essentiels dans la construction d’une société dynamique et épanouissante. La recherche et l’éducation font partie intégrante de leurs missions. Ce rôle se traduit concrètement par des expositions, des publications, des conférences, et des collaborations avec d’autres institutions patrimoniales. Ils enrichissent la vie culturelle. Ils favorisent l’éducation et la créativité. Leur action stimule l’économie locale, par la sauvegarde de l’héritage artistique.

Sandrine Lepers pour le Style est

Photo de couverture : carte postale du Palais de Longchamps à Marseille qui abrite le musée des Beaux-arts (Rijksmuseum).

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