Les métiers d’art : transmettre les savoir-faire traditionnels

Situé à mi-chemin entre l’art et l’artisanat, le métier d’artisanat d’art attire chaque année de nombreux élèves. Leurs aspirations ? Se former afin de conjuguer maîtrise technique et créativité. De nombreux secteurs les attendent : ameublement, céramique, gravure, luminaire ou mode. Si vous êtes attiré·e vous aussi par ces savoir-faire, laissez-nous vous guider dans cet univers de création !

Qu’est-ce que l’artisanat d’art ?

Un artisan est un professionnel qui exerce un métier manuel. En général, il transforme des matières premières en produits finis, selon des méthodes traditionnelles. Il peut également utiliser la technologie (pour découper par exemple).

Ce métier exige donc :

🔧 des compétences techniques ;

🔧 de la précision ;

🔧 une connaissance précise des outils et matériaux utilisés.

Ceci dans le but de produire des objets utilitaires ou fonctionnels.

On parle d’artisanat d’art lorsque le métier comporte des exigences de créativité et une dimension artistique en plus de la fonctionnalité de l’objet. Les objets créés sont souvent uniques, ou en série limitée.

Le statut d’artisan d’art est reconnu par la loi qui définit ainsi le périmètre de ces professions :

« Relèvent des métiers d’art, les personnes qui exercent une activité indépendante de production, de création, de transformation ou de reconstitution, de réparation et de restauration du patrimoine, caractérisée par la maîtrise de gestes et de techniques en vue du travail de la matière et nécessitant un apport artistique. »

Bijoutiers, luthiers, ébénistes, fabricants de luminaires, autant de métiers où la créativité se révèle tout aussi importante que la technicité. Mais quelle est la frontière qui sépare l’artisanat et l’art ?



Quelle est la différence entre l’artiste et l’artisan/artisane d’art ?

« Un artisan est un artiste dont la créativité est canalisée par des contraintes. »

Walter Gropius (1883-1969), architecte et designer allemand, fondateur de l’école du Bauhaus

Artistes comme artisan·es doivent posséder de solides connaissances techniques et connaître l’usage de matériaux spécifiques à leur activité. Cependant, les premiers ont pour principal objectif de créer des œuvres originales dans une intention esthétique. Les seconds s’attachent à manier parfaitement leurs outils pour fabriquer un objet fonctionnel. Tous deux suivent une démarche créative et peuvent créer un univers original.

On dit souvent que l’artisan crée un objet utile au quotidien. Pourtant certaines réalisations artisanales d’exception sont considérées comme de l’art et exposées dans des musées. On peut ainsi admirer les chefs-d’œuvre des compagnons du Tour de France dans les musées de la Fédération compagnonnique.

La frontière entre artiste et artisan d’art s’avère donc ténue ! Pourtant, la démarche est la même. Elle relève de la création, avec une volonté de susciter des émotions. Pour citer un jeune graveur issu de l’Ecole Estienne :

« On progresse constamment, on cherche à obtenir un objet de qualité, beau, qui vous fait vibrer une fois qu’il est achevé. »

Travail de marqueterie par Mylène Cave (E. Fohlen).

Travail de marqueterie par Mylène Cave (E. Fohlen).

L’artiste

L’artiste se distingue de l’artisan par les points suivants. Ce créatif :

🎨 se situe dans le domaine du conceptuel, dans une recherche qui lui est propre ;

🎨 crée une œuvre inédite, porteuse de sens, en suivant avant tout son inspiration ;

🎨 évolue au fil du temps dans les techniques, couleurs, matériaux dont il se sert. Ceux-ci se placent au service de ses œuvres ;

🎨 signe ses œuvres.

L’artisan d’art

Quant à l’artisan d’art, il se situe plus dans le concret, le façonnage et la précision. Cet ou cette orfèvre :

  • sait au départ sur quel objet il va travailler ;
  • doit maîtriser l’outil et la matière qu’il transforme ;
  • recherche l’achèvement parfait, l’aboutissement ;
  • dispose de marges de manœuvre par lesquelles il peut exprimer sa personnalité et sa fibre artistique ;
  • utilise et transmet des savoir-faire traditionnels ;
  • ne signe pas ses œuvres, sauf exceptions.

Artistes et artisans d’art suivent des chemins parallèles. Tous deux se différencient de l’industrie en créant des œuvres uniques et originales, dans lesquelles l’émotion joue un rôle primordial.

artisanat art et artistes
Artisans d’art et artistes au Palais de Tokyo (J.-P. Dalbéra)



Quels sont les métiers de l’artisanat d’art ?

Pas moins de 281 métiers d’art sont recensés dans les différentes lois sur l’artisanat, dans 16 secteurs d’activité :

  • Ameublement et décoration : doreur, tapissier, ébénisterie, marqueterie, décorateur d’intérieur, encadreur, mosaïste…
  • Architecture et jardin : charpentier, chaumier, menuisier, tailleur de pierre, tuilier…
  • Bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, horlogerie : bijoutier-joaillier, bijoutier fantaisie, graveur, horloger…
  • Céramique : céramiste, santonnier…
  • Cuir : bottier, fourreur, gantier, maroquinier…
  • Facture instrumentale : luthier, facteur/restaurateur d’instruments.
  • Jeux, jouets : Carrossier, charron, fabricant de jeux et jouets.
  • Luminaire : fabricant de luminaires et d’abat-jours.
  • Métal : bronzier, coutelier, ferronnier, taillandier…
  • Mode et accessoires : chapelier, couturier, modéliste, tailleur…
  • Papier, graphisme et impression : fabricant de papier, imprimeur en lithographie, sérigraphie ou typographie…
  • Restauration : restaurateur de meubles, peintures, sculptures, vitraux…
  • Spectacle : costumier, fabricant de décors, d’accessoires…
  • Tabletterie : brossier, cornier, tabletier…
  • Textile : brodeur, dentellier, tisserand, veloutier…
  • Verre et cristal : verrier à la main, au chalumeau, décorateur, fondeur.

👉 À noter : la France est le seul pays du monde à offrir une telle variété de métiers !

Comment se former à ces métiers d’artisanat d’art ?

La palette des formations en métiers d’art s’avère très large : plus d’un millier d’établissements ou d’organismes répertoriés en France ! Du simple CAP au diplôme national des métiers d’arts et design (DN-MADE). Chaque élève trouvera son établissement pour réaliser son projet. De même, il pourra choisir l’apprentissage ou la formation en école.

  • Le CAP (certificat d’aptitude professionnelle) se prépare en 2 ans après la troisième. Ce diplôme permet d’obtenir les techniques de base et peut se réaliser en apprentissage.
  • Le BMA (brevet des métiers d’art), pour gagner en technicité : 2 ans à l’issue du CAP, en présentiel ou en apprentissage.
  • Le bac professionnel AMA (artisanat et métiers d’art) se prépare en 3 ans après la troisième. Il propose quatre options de métiers d’art.
  • Le DN-MADE (diplôme national des métiers d’art et design) : en 3 ans après le bac. Il a pour objectif de développer l’expérimentation et la créativité. Les inscriptions se font sur la plateforme Parcoursup, dans des ESAA (Écoles supérieures d’arts appliqués) telles que Boulle, Duperré ou Estienne.
  • Le site de l’Onisep (Office national d’information sur les enseignements et les professions) fournit toutes les informations nécessaires au choix d’un diplôme ou d’une école.

👉Il existe également des formations continues destinées à monter en compétence dans sa spécialité.



Quelles sont les conditions pour obtenir le statut d’artisan d’art ou celui de maître artisan ?

L’attribution de ces titres valide la formation et l’expérience professionnelle qui caractérisent le savoir-faire du secteur. Ils constituent des atouts pour asseoir sa légitimité vis-à-vis des clients et des consommateurs.

Le statut d’artisan d’art

Pour obtenir ce statut, il faut exercer un métier reconnu comme artisanat d’art et justifier d’un diplôme (CAP, BEP) dans le secteur pratiqué. On peut également, si on pratique depuis plus de trois ans, être immatriculé au Répertoire des métiers.

Le statut de Maître artisan des métiers d’art

Tout d’abord, il faut obtenir le titre de Maître artisan. Celui-ci nécessite d’être titulaire d’un brevet de maîtrise et de justifier de deux années de pratique professionnelle en tant que salarié ou chef d’entreprise.

Ensuite, le titre de Maître artisan en métier d’art est accordé :

  • Au détenteur du titre de Maître artisan qui exerce une activité répertoriée dans la liste des 281 métiers d’art.
  • Au chef d’entreprise détenant des diplômes autres que le brevet de maîtrise.

Ce dernier doit toutefois justifier de compétences en :

  • gestion d’entreprise (ou 8 ans d’inscription au Répertoire des métiers) ;
  • psychopédagogie (formation d’apprentis par exemple).

Pour les chefs d’entreprise non titulaire de diplômes, ils doivent justifier :

  • d’au moins 10 ans d’immatriculation au Répertoire des métiers ;
  • d’un savoir-faire reconnu en tant que promoteur de l’artisanat ;
  • d’expérience en formation relative aux métiers d’art.

Pour les deux dernières conditions, une Commission régionale de qualification est responsable de l’attribution du titre.

Sphère armillaire géocentrée de Jérôme Martinot, horloger du roi, vers 1700, bibliothèque nationale (N. Baills)

Métiers et artisanat d’art : transmission des savoir-faire traditionnels

En plus des formations classiques, il existe des possibilités de transmission des savoir-faire traditionnels. Ces dispositifs constituent des outils précieux permettant aux élèves de bénéficier de l’expertise de professionnels reconnus.

Les Maîtres d’art

Le prestigieux titre de Maître d’art est délivré depuis 1994 par le Ministère de la culture. Il nécessite une formation rémunérée de 3 ans. À son issue, le Maître d’art s’engage à transmettre ses connaissances, ses tours de main et son expérience.

Les dispositifs régionaux de transmission de savoir-faire

Des dispositifs régionaux existent, afin de favoriser l’aide à la transmission des savoir-faire des métiers d’art :

  • le dispositif de transmission des savoir-faire rares et d’excellence en Alsace ;
  • le dispositif régional lorrain « Concepteur créateur » ;
  • les prix « Savoir-faire en transmission » de la Ville de Paris.

La France compte aujourd’hui plus d’1,7 million d’entreprises artisanales. Le Ministère de la culture a lancé une politique publique en faveur du métier d’artisanat d’art. Son ambition ? « Structurer, transmettre et développer un savoir-faire important pour l’économie française. » La stratégie adoptée met l’accent sur l’aide à la formation et l’installation des nouveaux artisans. Pour cela, 46,8 millions d’Euros seront consacrés à la création de pôles « Métiers d’Art » dans les territoires.

Anne-Véronique Meyer pour Le Style est ❤️

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