Le Pavillon populaire de Montpellier : un centre d’art incontournable pour les amateurs de photographie

Vous aimez la photographie ? Vous êtes à l’affût de toutes les bonnes adresses pour découvrir des clichés de qualité ? Le Pavillon populaire situé au cœur même de Montpellier pourra répondre, sans aucun doute, à vos attentes. Ce lieu vaut le détour tant par son histoire singulière, et mouvementée, que par les artistes talentueux qu’il expose désormais. Comme son nom le suggère, les expos du Pavillon populaire s’adressent à tous. Elles permettent de plonger sans retenue dans le monde de la photographie. Prêt·e à découvrir l’histoire et l’univers magique de ce bâtiment ?

Une bâtisse estudiantine dédiée aux luttes sociales au centre-ville

Depuis sa construction, la vie du bâtiment n’a pas été un long fleuve tranquille. Il a connu, en effet, de nombreux réaménagements. Il a ainsi abrité diverses activités avant de devenir le monument que nous admirons aujourd’hui.

Situé sur l’actuelle esplanade Charles de Gaulle, le Pavillon Populaire jouxte le célèbre musée Fabre à Montpellier.

Sa construction, par l’architecte Léopold Carlier, date de 1891. Elle a été commanditée par l’Association générale des étudiants de Montpellier (Agem). Celle-ci a vu le jour le 25 février 1887 au cœur même de la faculté de lettres. Et pour la petite histoire, elle existe encore ! Les jeunes montpelliérains d’alors sont trop nombreux pour le local exigu qu’ils occupent rue du Clos René. Ils ont besoin de plus d’espace. Ainsi, dès qu’elle le put, l’Agem finança avec l’aide de la ville la construction de ce site. Ce lieu de rassemblement se nomme alors Cercle des étudiants.

Un monument imposant proche du Corum montpelliérain

D’une surface de 650 m², l’architecture du Pavillon est de style néo-renaissance. Sa façade majestueuse comporte de nombreuses sculptures et un portique en pierre.

À l’intérieur, le bâtiment se compose de :

🏛️ une grande salle des fêtes ;

🏛️ une bibliothèque ;

🏛️ divers bureaux ;

🏛️ une pièce destinée aux conférences.

Une salle de billard et une autre de gymnastique complètent l’ensemble.

Cet aménagement reflète bien l’objectif premier de l’endroit : développer la vie estudiantine de la ville.

Pour l’anecdote, un laboratoire photographique se tenait déjà à disposition des étudiants dans ce magnifique local.

Notons que la bâtisse abrite des œuvres d’art dès sa construction. Lors de l’aménagement, des peintres de la région ornent déjà les murs avec leurs toiles.

Le monde associatif dans l’épicentre de la ville millénaire

L’année 1905 marque un tournant dans l’histoire du lieu. L’Agem manque de moyens et ne peut conserver le bâtiment. La Ville de Montpellier en fait l’acquisition. Elle le met à disposition des sociétés de l’époque, l’équivalent de nos associations actuelles. Le Cercle des étudiants prend alors le nom de Pavillon populaire.

En 1907, l’endroit devient le lieu de rassemblement de 600 000 viticulteurs mécontents. Les manifestations politiques semblent étrangement liées au destin de cette bâtisse. Les protestataires occupent longtemps les lieux, occasionnant des dégradations. Des travaux de restauration sont nécessaires pour réhabiliter cet endroit emblématique de la ville.

La vocation sociale de ce magnifique local associatif s’accentue en 1914, lors de la Première Guerre mondiale. L’hôpital de Montpellier l’utilisera, en effet, comme annexe pour y soigner les blessés.

Enfin, en 1971, les vignerons investissent à nouveau le monument. En témoigne une plaque apposée sur les murs extérieurs.

Gilles Mora, un directeur artistique hors norme au service de la photo

En 1991, la municipalité engage le réaménagement du lieu et en fait un centre d’exposition. L’architecte François Pin se charge des plans pour transformer l’intérieur du bâtiment. Durant ses travaux de rénovation, le musée Fabre y installe quelques-unes de ses expositions temporaires.

En 2001, cet espace est officiellement dédié à la photo. Finalement, la ville en reprend la gestion en 2010. Elle délègue la direction artistique à Gilles Mora en 2011. Ce dernier a d’abord été :

📸 historien de la photographie ;

📸 cofondateur, avec Claude Nori et Bernard Plossu, des Cahiers de la photographie ;

📸 organisateur pendant plusieurs années des bien connues Rencontres d’Arles.

Il possède donc une expertise irréfutable dans le domaine.

Pavillon populaire à Montpellier (F. Schwarz, Flickr)

Un lieu ancien à vocation résolument populaire

Le Pavillon accueille, dès ses débuts, les manifestations syndicales des étudiants, puis de nombreuses associations.

À la suite de la victoire du Front populaire en 1936, les festivités se tiennent dans le bâtiment, confirmant son engagement social. La fin de la Seconde Guerre mondiale sera également fêtée au cœur de cet espace chargé d’histoire.

Sa mission de vie actuelle reste la même que celle d’antan. En effet, il fait aujourd’hui partie des rares centres d’arts gratuits pour tous, tout au long de l’année. Les expositions qui s’y déroulent sont destinées à tout type de public ; des plus grands professionnels aux simples badauds. Les visites peuvent se faire librement ou guidées.

Sa vocation sociale explique sans doute l’engouement pour cet endroit. Le 30 décembre 2022, le bâtiment célèbre ainsi son millionième visiteur.

Avec ses trois expositions (en moyenne) par an, le centre d’art attire. La notoriété nationale et internationale du Pavillon populaire dans le monde artistique n’est plus à faire. L’univers de la photo ne peut désormais plus compter sans lui. Les collections photographiques accueillies dans ce lieu n’ont rien à envier celles de son voisin marseillais, le Mucem.

Les grands noms de la photographie française au Pavillon populaire

De manière fortuite, l’espace héberge d’abord l’œuvre du bien connu Robert Doisneau en 1996. Montpellier devient la seule ville française, avec Paris, à présenter les travaux du célèbre capteur d’image français. Le pavillon populaire n’existe pas encore en tant que révélateur de talent photographique. Cependant, signe du destin, il accueille, de temps à autre, les expos temporaires de l’établissement voisin en rénovation, le musée Fabre.

En 2011, ce bâtiment culturel montpelliérain met à l’honneur l’œuvre de Brassaï. Photographe français de renom, ce dernier n’a eu de cesse d’arpenter les rues de la capitale au début du siècle. Son souhait ? Nous offrir des images en noir et blanc d’une grande qualité. Surnommé « l’œil de Paris », il nous dévoile, tel un témoin, un univers atypique. Paris la nuit constitue son terrain de jeu favori. Il fige sur papier glacé ses promeneurs nocturnes, mais aussi les tout premiers graffitis de la ville.

Les visiteurs pouvaient contempler, en 2020, les deux cents tirages de l’artiste humaniste, Jean-Philippe Charbonnier. Éternel voyageur, il saisit des scènes de vie aux quatre coins de la planète. Il prend son essor notamment au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Comme un pied de nez aux atrocités vécues, il capte avec son appareil, la joie, le bonheur, l’amour.

En 2022, c’est au tour de Raymond Depardon, célèbre chasseur d’images français contemporain, de présenter son travail dans ce lieu. Ses clichés, capturés dans les environs immédiats de Montpellier, dans une époque post-covid, magnifient la ruralité qui lui tient tant à cœur.

Toujours en lien avec l’Hexagone, une rétrospective sur la Photo en France de 1968-1989 fut proposée au Pavillon populaire en 2023. Elle replongea le visiteur dans cette période, pour une exposition qui se voulait autant documentaire qu’artistique.

Pavillon du musée Fabre, Montpellier (F. Geller-Grimm)

Une place de choix laissée aux clichés internationaux

Le directeur artistique de cet espace ne se cantonne pas à son pays de résidence. Il élargit son regard avec des exposants venus des quatre coins de la planète.

Les amateurs d’art ont, en effet, pu admirer les reproductions des Américains William Gedney ou encore W. Eugene Smith, photojournalistes. N’oublions pas les images de Ralph Gibson. Grand artiste, Gibson, après un parcours de reporter s’oriente vers une esthétique plus intimiste. L’introspection devient alors sa principale source d’inspiration comme en témoigne son livre La trilogie. L’adaptation de celui-ci donna lieu à une expo photo au cœur du Pavillon.

Pour demeurer de l’autre côté de l’Atlantique, Gilles Mora mit également à l’honneur les Canadiens Edward Burtynsky et Lynne Cohen.

Les images européennes connaissent aussi un beau succès au Pavillon. Par exemple, en 2023, le public découvre l’œuvre de l’espagnol Antoni Campañà. Photojournaliste, ses photos témoignent de la vie durant le conflit armé espagnol de 1936. Par ailleurs, une rétrospective de Paul Wolff est proposée en 2024. L’artiste allemand immortalise avec son Leica l’entre-deux-Guerres en balayant des sujets très divers (travail, loisir, voyage, etc.). Le pavillon populaire consacre cet homme dont les clichés furent rarement montrés à travers le monde. Pourtant, ses publications ont connu un succès international. Pour preuve, son ouvrage Mon aventure avec le Leica (1934) s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires dans de multiples langues. Notons que son compatriote, photographiant la mode, Peter Lindbergh, exposa aussi dans ce lieu.

Une formidable diversité artistique à deux pas de la place de la Comédie

Toutes les techniques de prise de vue trouvent leur place dans cet espace d’art contemporain, ouvert à tous. Une programmation éclectique constitue, en effet, la marque de fabrique du lieu.

Par exemple, Raymond Depardon a dévoilé ses clichés, capturés en 2020, à la chambre photographique. Ce procédé relève d’un véritable choix esthétique à contre-courant des pratiques actuelles, dont l’utilisation du numérique. Cette présentation de 2022 comportait des tirages exclusivement en noir et blanc, mais le monument accueille aussi des œuvres polychromes. Par exemple, les prises de vue de Bernard Plossu pour l’exposition Couleurs Plossu, séquences photographiques 1956 – 2013, attiraient l’œil par une explosion de couleurs.

La mixité artistique est également de mise dans la sélection des photographes. Pour preuve, Andy Summers, certes chasseur d’images, mais surtout chanteur du groupe Police, a pu y accrocher ses épreuves sur les murs du bâtiment. De la même manière, en 2014, le pavillon populaire a proposé une rétrospective du travail de Linda Mac Cartney, épouse d’un célèbre membre des Beatles. La passion pour le rock’n’roll de Gilles Mora n’est pas étrangère à ce choix. Avec ce directeur se dessine le contour de pratiques artistiques multiples, venant s’enrichir les unes les autres.

Les champs d’explorations des photographes exposés proviennent également d’univers aussi variés que :

📽️ le journalisme ;

📽️ le reportage ;

📽️ la mode ;

📽️ etc.


Les femmes à l’honneur au pavillon populaire

Le pavillon populaire laisse la part belle à la gent féminine. En 2004, une rétrospective consacrée à Marylin fut présentée. Mais, notons surtout que de nombreuses femmes photographes exposent leurs œuvres sur les murs du bâtiment.

Dès 2006, la Française Marie-Louise Bréhant propose ses Images alchimiques aux Montpelliérains. Mêlant tirages et chimie, cette artiste aime jouer avec divers procédés afin de proposer des clichés d’une rare originalité. Elle n’a de cesse d’innover. Son terrain de jeu favori reste son laboratoire photo. Elle y teste de multiples produits chimiques pour ses épreuves photographiques.

En 2016, Elina Brotherus, la Finlandaise, avec sa Lumière venue du Nord, plonge le visiteur dans son intimité. Ses autoportraits reflètent ses états d’âme et les émotions qui la traversent en tant que sujet.

L’Américaine Louise Dahl-Wolfe éblouit le centre d’art avec ses clichés très colorés. Sa liberté de style contribue à offrir une image indépendante de la gent féminine. Voyageuse, elle fut aussi la première femme photographe de mode. Sous son objectif, les filles quittent leurs corsets et prennent la pause dans des tenues toujours élégantes, mais loin des carcans de la mode d’alors. Cette visionnaire émancipée inspire et guide toutes les femmes vers plus d’autonomie.

Le Pavillon accueille, en 2023, l’Autrichienne Dora Kallmus, connue sous le pseudonyme de Madame d’Ora, pour La Surface et la Chair. Pour la première fois, cette artiste peut dévoiler son univers en France. Née au siècle dernier, elle fut la première dame à intégrer les leçons théoriques de prise de vues de l’université de Vienne. Signe des temps, les cours pratiques lui étaient interdits. Elle fut probablement une des premières à pouvoir tenir un appareil à la main. Elle réalisa surtout des portraits de personnalités autrichiennes, notamment des intellectuels.

La liste des femmes photographes invitées par Gilles Mora se poursuit au-delà de ces noms. Nous ne pouvons, hélas, toutes les citer. Mais pour en savoir davantage, consulter le site du Pavillon populaire.

Vous l’aurez compris, le Pavillon populaire fait partie de ces lieux à visiter sans tarder. Que l’on soit amateur de photos ou non, le bâtiment vous ouvre ses portes. Il vous dévoile alors son histoire et des photos toujours plus surprenantes les unes que les autres. On ne peut que vous conseiller de vous rendre à Montpellier, non loin du Corum. Vous pourrez y admirer ce centre d’art et, bien sûr, vous délecter des images qui ornent ses murs. Si vous projetez un voyage dans le sud de la France, n’hésitez pas à vous rendre aussi au musée Lapérousse d’Albi. En attendant, vous pouvez consulter la programmation du Pavillon populaire 2024 pour prévoir votre venue !

Delphine Mangin pour le Style est… ❤️

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