Quelles sont les caractéristiques et les spécificités des arts vivants ?


La France est souvent associée à la culture au sens large du terme. Elle est reconnue mondialement pour sa gastronomie, sa mode ou encore son patrimoine. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que l’hexagone se place une nouvelle fois comme première destination touristique en 2023[1]. Le pays de Molière est aussi connu pour ses nombreux festivals et ses spectacles d’une grande diversité artistique. Ils témoignent de sa spécificité culturelle française.

Néanmoins, des questionnements surgissent lorsqu’il s’agit de comprendre ce qu’englobe le terme des arts vivants. Que représentent-ils ? Comment ont-ils façonné le paysage culturel français ?

L’objectif de cet article ? Appréhender les arts vivants, connaître leur place dans la culture française par le biais du théâtre, des arts de rue et également de la poésie.

Quelle est la définition des arts vivants ?

Le terme des arts vivants est aussi appelé spectacle vivant. C’est une notion définie par la loi du 18 mars 1999. Elle précise que par le terme spectacle vivant, nous comprenons les arts :

« … produits ou diffusés par des personnes qui, en vue de la représentation en public d’une œuvre de l’esprit, s’assurent la présence physique d’au moins un artiste du spectacle percevant une rémunération. »

La circulaire du 13 juillet 2000 relative à la licence d’entrepreneur de spectacles vient préciser cette définition. Elle indique que le spectacle vivant est :

 « … la présence physique d’au moins un artiste du spectacle rémunéré qui se produit directement en public qui constitue le critère principal du spectacle vivant. C’est ainsi que sont exclus du champ d’application de l’ordonnance : les spectacles sportifs, les corridas, les spectacles enregistrés, l’organisation de défilés de mannequins. »

Le spectacle vivant revêt donc quatre critères cumulatifs fondamentaux :

🎭 la présence physique d’au moins un artiste ;

🎭 un public ;

🎭 la rémunération de l’artiste ;

🎭 la présentation d’une œuvre de l’esprit vers le public.

Il convient de préciser la quatrième caractéristique. Le juriste Pierre-Yves Gauthier propose une définition d’une œuvre de l’esprit comme :

« Tout effort d’innovation de l’esprit humain, conduisant à une production intellectuelle, qui peut tendre vers un but pratique, mais doit comporter un minimum d’effet esthétique, la rattachant d’une quelconque façon à l’ordre des beaux-arts ».

Cette définition reste néanmoins très juridique. Les arts vivants sont donc une œuvre de l’esprit présentée par un artiste qui est rémunéré pour ce travail. Ils regroupent des modes d’expressions artistiques tels que :

🎪 le théâtre ;

🎪 la danse ;

🎪 la musique (en concert) ;

🎪 les arts de la rue ;

🎪 les arts de la marionnette ;

🎪 le cirque ;

🎪 etc.

Le spectacle vivant offre une expérience unique vers le public. Un concert de musique ne sera jamais joué à l’exact identique d’une représentation à l’autre. Les arts vivants se jouent en direct par opposition au cinéma. C’est pourquoi, ils permettent de créer une interaction profonde entre les spectateurs et les artistes sur scène.

Pourquoi le théâtre est-il un art vivant ?

Le terme “théâtre” provient du latin « teatrom », lui-même issu du mot grec « theaomai ». Il signie « regarder » ou « contempler ». C’est dans l’origine de sa racine que l’on retrouve cette idée d’observer, d’admirer ce qui se déroule devant nos yeux.

Le théâtre fait donc partie de cet ensemble nommé les arts vivants. Ce terme regroupe cependant plusieurs significations qu’il faut établir dès à présent. Le théâtre est :

✨un lieu destiné à la représentation de pièce ;

✨une entreprise de spectacle comme le théâtre des Champs-Élysées ;

✨un art dramatique ;

✨un courant artistique et littéraire.

Le théâtre se démarque des autres formes du spectacle vivant. Le plateau, qui est le lieu scénique, est un élément indissociable du théâtre. C’est à cet endroit qu’il se transforme poétiquement, prend forme et devient chair. Il surgit une dimension collective au théâtre tandis qu’au cinéma, le spectateur pose un regard individuel sur l’œuvre.

« Le monde entier est un théâtre, Et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles. »

William Shakespeare, dans Comme il vous plaira.

Pourquoi l’art de rue est-il important ?

Les arts de la rue s’avèrent, par essence, un secteur artistique protéiforme. Les esthétiques et les formes se croisent, se mélangent et s’hybrident :  théâtre, danse, cirque, musique, magie, vidéo, arts plastiques, poésie, arts numériques, etc.

Les arts de la rue naissent à l’origine en contradiction à une culture considérée plus élitiste.  Cette dernière est réservée à une partie de la population, dans les institutions culturelles comme les scènes nationales. Le théâtre, en tant que bâtiment, renvoie une image d’un lieu n’étant pas à la portée de tous. À l’inverse, les arts de la rue se situent dans l’espace public, car il y a le souhait d’établir un rapport différent avec les spectateurs.

Dans les années 1980 et 1990, la France est la référence internationale des arts de la rue. C’est grâce aux politiques de décentralisation et aux compétences des collectivités publiques que les arts de la rue se développent. Plusieurs manifestations artistiques de renommée naissent comme Chalons dans la Rue en 1984 et le festival d’Aurillac en 1990.

« La ville est un théâtre à 360 degrés. » Michel Crespin

En 1993, un centre de ressource nommé «Hors-les-murs», connu aujourd’hui sous le nom d’ARTCENA, est créé. Son objectif ? Promouvoir et vulgariser les arts de la rue. À cette époque, les premières sources de financement apparaissent. Il commence peu à peu à se structurer et à s’institutionnaliser. En 2010, les arts de la rue sont enfin reconnus par l’État. En témoigne la création du label des Centres nationaux des arts de la rue et de l’espace public (CNAREP).

Les arts de la rue et de l’espace public ne signifient pas concrètement quelque chose en soi. Les acteurs de ce milieu ne sont d’ailleurs pas tous d’accord sur ce terme. C’est cette pluralité d’opinions qui fait la force et l’essence même des arts de la rue. Ils peuvent néanmoins être définis par trois critères :

🤹 un rapport renouvelé au spectateur ;

🤹 une relation particulière avec le contexte ;

🤹 le spectacle doit rester vivant.

theatre de rue
Théâtre de rue à Aurillac (Paleologos)

Les arts vivants peuvent-ils s’inscrire dans d’autres champs ?

Le spectacle vivant peut aussi être transversal, car il est combiné avec d’autres formes : arts visuels, arts plastiques ou encore arts numériques. L’événement national du Printemps des Poètes a ainsi pour but de véhiculer la poésie sous toutes ses formes. La poésie se mêle alors à des esthétiques diverses comme la danse, la musique, le cirque, etc. La volonté est justement de faire ressortir les mots traditionnellement couchés sur du papier par d’autres modes d’expression.

Les objectifs de cette manifestation s’avèrent multiples :

🎠 sensibiliser à la poésie ;

🎠 encourager la lecture ;

🎠 créer des rencontres entre les artistes et les publics.

De nombreux événements s’organisent dans la France entière grâce aux associations, aux médiathèques, aux écoles, aux théâtres, etc. L’objectif est de rapprocher les publics, et notamment les enfants, de la poésie.

Ainsi, les arts vivants sont pluriels par essence. Ils s’immiscent dans des interstices culturels distincts, car ils représentent un moyen de transcender d’autres esthétiques. Ils font rayonner la culture française à l’international grâce à leur singularité et à leur imagination débordante.

Article rédigé par Pierre Gourmelon.


Les Sources sur les arts vivants

  1. Le spectacle vivant, ministère de la Culture.
  2. Les arts de la rue, Cairn.

[1]https://www.gouvernement.fr/actualite/la-france-toujours-premiere-destination-touristique-au-monde

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