Comment les écomusées sont-ils devenus des piliers de la culture des territoires ?

Grâce à un voyage unique à travers le temps, découvrez l’histoire des écomusées. Ces nouveaux musées populaires, qui ont aujourd’hui le vent en poupe, constituent un incontournable de la culture française ! Nés en France il y a 50 ans, ces musées de société ont introduit un nouveau concept dans le paysage muséal : la valorisation des modes de vie d’un territoire.

Quelles sont les origines de ces nouveaux musées de société ?

Le concept de l’écomusée a pour origine Georges Henri Rivière, fondateur de l’Icom (Conseil international des musées).

Cet ethnologue et muséologue français crée en 1941 le Musée national des arts et traditions populaires. Une institution culturelle à visée ethnologique.

Son objectif consiste à étudier et à donner une représentation de la société française telle qu’elle existait dans les régions rurales. Ceci grâce aux traditions artisanales, au mode de vie et aux éléments du quotidien d’un village, d’une bourgade…

À partir de ce « musée laboratoire » regroupant de nombreuses pièces d’intérêt historique, une nouvelle idée commence à émerger.

Un musée, mais à l’extérieur

Le concept de ces nouveaux musées ? Sortir les collections ! Celles-ci seront en effet exposées à l’extérieur ! L’idée vient de Georges Henri Rivière et de Hugues de Varine, son successeur à la présidence de l’Icom. Ce musée, au-delà d’exposer à l’extérieur, sera également vivant. En effet, les deux fondateurs le comparent à l’histoire de l’être humain, toujours en évolution. Rien n’est figé !

Une ébauche de ce qui deviendra les écomusées voit le jour en 1968 : les parcs naturels régionaux. Un musée en plein air, en harmonie avec son environnement.

Un musée qui parle de traditions et au service d’un territoire

C’est au Creusot, en Saône-et-Loire, qu’apparaît le premier écomusée français. Nous sommes en 1971. Le château de la Verrerie devient le premier musée du genre. C’est également à cette occasion que le terme « écomusée » voit le jour.
Son objectif ? Préserver et mettre en valeur les patrimoines naturels et culturels des territoires français.
Au Creusot, l’accent est ainsi mis sur l’histoire de l’industrie verrière dans la région.

L’écomusée propose aujourd’hui diverses activités, telles que :

  • des expositions ;
  • des visites guidées ;
  • des animations pour les enfants ;
  • des ateliers sur l’histoire de la verrerie ;
  • des démonstrations de techniques de fabrication du verre ;
  • des sensibilisations à l’impact de l’industrie locale sur la faune et la flore de la région.
ecomusée le creusot
Château de la verrerie, écomusée du Creusot, Saône-et-Loire (C. Finot).



Musée de plein air ou écomusée ?

Vous hésitez entre un musée de plein air et un écomusée ? La différence est subtile puisqu’elle réside principalement dans leur approche et leurs missions.

Un musée de plein air est un lieu non couvert. Il présente des bâtiments qui reconstituent un cadre de vie ancien. Il se situe le plus souvent dans un cadre naturel.

Un écomusée englobe une vision plus holistique, axée sur les patrimoines matériel et immatériel d’un territoire. Il met l’accent sur la culture vivante (savoir-faire, tradition et artisanat).



L’appui du FEMS : un indispensable dans le développement des écomusées.

Oui mais la FEMS, qu’est ce que c’est ?

C’est l’acronyme de Fédération des écomusées et des musées de société.

Ce regroupement est né en 1989 grâce à l’association de 28 écomusées fondateurs. Deux ans plus tard,elle prendra le nom qu’on lui connaît. 

Dans un but non lucratif, il s’agit là d’une réunion unique de 180 “musées vivants” à travers l’Europe.
Cette fédération a grandement participé à l’expansion des écomusées sur le territoire français (et européen).
La mise en place de diverses missions en lien avec l’École nationale du patrimoine vise à reconnaître l’importance ethnologique des écomusées.

L’écomusée est défini par un ethnologue.

Grâce à la FEMS, l’ouvrage «Territoires de la mémoire, les collections ethnologiques des écomusées » est publié en 1992. 

Claude Lévi-Strauss, illustre ethnologue du XXe siècle, définit de façon claire et concise le concept d’écomusée : [ils]« ont pour but de préserver ou de reconstituer sur les lieux mêmes des bâtiments, des types d’activité dont le passage du temps nous a coupés depuis un ou deux siècles, parfois à peine quelques décennies. »

Une exposition photographique, en lien avec la publication de l’ouvrage en 1992, parcourt d’ailleurs la France : un phénomène de grande ampleur !

Cette contribution culturelle sensibilise les élus et les collectivités et apporte une prise de conscience sur les richesses de notre patrimoine.

Le développement de la Fédération

Toujours en évolution, la Fédération s’affirme en 1993 comme un organisme de formation professionnelle. Elle propose des programmes à destination de l’ensemble des personnels de musées.

Elle vise  en effet à toucher un plus large public et propose des formations adaptées à chacun. 

La Fédération mise sur la mutualisation des compétences pour soutenir ses musées. Elle lutte également contre l’isolement professionnel. 


Voir pour comprendre : zoom sur les écomusées français.

Pour respecter l’environnement et adopter des pratiques plus durables, ces véritables musées vivants se réinventent constamment. Ils s’adaptent à l’intérêt de leur public. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux proposent des activités ludiques interactives, adaptées à tous les âges.

logo de la federation des ecomusee et des musees de societe
Logo de la fédération des écomusées et des musées de société.

Hors des sentiers battus


Pour attirer un large public et sensibiliser à l’histoire et à l’art de vivre d’une communauté, la France recense de véritables trésors. Ces dernières s’éloignent des sentiers battus et des visites habituelles.

Écomusée dans les Landes

Situé au sud-ouest, le parc naturel régional des Landes de Gascogne vaut le détour. Parmi les pionniers de son genre, cet écomusée à ciel ouvert créé en 1969 fait partie des plus authentiques.

Ce musée de France reconstitue à la perfection le cadre de vie caractéristique des Landais au XIXe siècle.
Sur 25 hectares ont été recréés des bâtiments, des quartiers, des champs et des fermes retraçant le mode de vie traditionnel et rural de l’époque.

Écomusée en banlieue parisienne

L’exposition d’un patrimoine matériel et immatériel ne se limite pas seulement à la vie rurale d’une région. Et Fresnes, en île de France, en est la preuve !

Vous trouverez à l’écomusée du Grand-Orly Seine Bièvre, une mise en valeur des arts et des traditions populaires de la banlieue. L’urbanisation est ici mise en avant. Le travail, la condition de la femme et la mémoire des villes se trouvent sur le devant de la scène. Ceci grâce aux expositions temporaires très nombreuses.

Écomusée et artisanat local du Nord

Continuons notre tour de France des écomusées. Cette fois dans le nord de la France.

Une occasion unique de découvrir l’artisanat local et de partager le quotidien des ouvriers dans l’industrie du verre et du textile au XIXe siècle .

Dans un cadre de ville reconstitué et typique du pays avesnois, deux sites industriels, à l’architecture remarquable, ont été investis. Ils proposent, grâce à des animations et à des ateliers, une vision valorisante de l’évolution du patrimoine industriel jusqu’à nos jours.
De la fabrication du textile à la fabrication du verre, l’écomusée avesnois offre une expérience privilégiée de son artisanat local.

Écomusée et Pays basque

Qui ne connaît pas la pelote basque ! Vous pourrez tout savoir sur ce sport très populaire au Pays basque grâce à l’écomusée de la Pelote et du Xistera Pilotari.

Pour découvrir tous ses secrets, il suffit d’ouvrir la porte du bureau d’accueil touristique.

Profitez-en pour visiter d’autres musées basques tout aussi passionnants !

Les territoires d’outre-mer ne sont pas oubliés

Toujours en territoire français, mais plus difficile d’accès, l’écomusée de Te Fare Natura en Polynésie française. Ce site attirera l’attention de ceux souhaitant en savoir plus sur la biodiversité polynésienne.

Vous pourrez vous immerger dans la riche biodiversité locale de Moorea
Grâce aux récentes technologies et à l’aide des scientifiques, cet écomusée propose une plongée complète comme il y en a peu.

Des photographies à grande échelle, des casques de réalité virtuelle et des dispositifs interactifs sont proposés au public.

Une sensibilisation immersive dans le but de transmettre et de protéger la faune et la flore locale. Mais aussi de mettre en avant l’importance de préserver notre héritage à travers l’histoire.

musee du marqueze
Musée du Marquèze, détail de la maison du brassier (P. Oter).



Les écomusées près de chez vous


Vous avez été séduit.e par la rencontre des traditions mêlées à l’innovation contemporaine ? Pourquoi ne pas visiter des écomusées proches de chez vous ? Au nombre de 190, vous aurez l’embarras du choix. Pour en savoir plus sur la mémoire de votre région, rien de plus simple avec la liste complète des écomusées de notre territoire.

Les acteurs au service de l’institution culturelle

Les figures indispensables


Quels sont les acteurs clés de cette transmission patrimoniale ? Ils incluent :

  • les collectivités locales .
  • les établissements publics ;
  • les syndicats mixtes ;
  • les associations, ou les fondations.

Il est toutefois nécessaire, pour la mise en œuvre d’un écomusée tel que l’entend la charte de 1981, de garantir une visée scientifique.

👉 Retrouvez la charte des écomusées établie le 4 mars 1981.

Établi par un comité scientifique, l’organisation d’un écomusée est composée de spécialistes, nécessaire à la bonne diffusion du savoir culturel qu’il renferme.

L’écomusée étant un lieu interdisciplinaire, on y retrouve des experts en agronomie, en archéologie, en biologie, en écologie, en économie, en ethnologie, etc.

La gestion et le financement de l’écomusée

Le comité des usagers, composé de membres de la population locale, agit en tant que porte-parole de l’écomusée.
Ils collaborent également avec des associations et des organismes utilisant régulièrement l’écomusée pour participer aux activités. L’objectif est de proposer un programme d’actions et d’évaluer ensuite les résultats obtenus.

Enfin, et dernier maillon indispensable de l’écomusée : le comité de gestion. Il est composé de représentants des organismes qui financent l’écomusée.
Sous la coupelle du directeur de l’écomusée, le comité examine son budget, en contrôle l’administration et la gestion.



Histoire des écomusées : un indispensable de la culture, mais pas que…

Au-delà de son but divertissant et culturel, les écomusées possèdent des objectifs à part entière. Il s’agit de :

  • conserver les biens culturels et les documents relatifs à un territoire ;
  • organiser des expositions temporaires ;
  • enrichir les collections ;
  • étudier le territoire concerné en lien avec les services régionaux ;
  • effectuer des programmes de recherche à l’échelle régionale, sur les pratiques, les savoirs, et l’organisation sociale des habitants ;
  • former des spécialistes (tels que des conservateurs, des enseignants…).
  • communiquer les données de recherche.
  • sensibiliser les jeunes publics, grâce à des actions pédagogiques en lien avec les écoles ;
  • diffuser des connaissances sur le territoire en lien avec l’écomusée.

En outre, l’aspect scientifique et les collections des écomusées jouent un rôle crucial dans leur mission de préservation et de valorisation du patrimoine.
Ces établissements ne se contentent pas de conserver des objets et des traditions. Comme tout musée, ils les étudient, les analysent et les présentent de manière à révéler leur importance culturelle et historique. Grâce à des expositions soigneusement conçues et à des recherches approfondies, ils offrent aux visiteurs une expérience enrichissante. Ils représentent également pour les scientifiques une source d’information indéniable.
Les écomusées préservent non seulement le savoir-faire ancien, mais ils le transmettent d’une manière contemporaine, engageante et éducative.

L’histoire des écomusées ne serait rien sans Georges Henri Rivière et Hugues de Varine. Aujourd’hui, la population continue de les faire vivre.

Les musées de société se distinguent des musées d’art, de beaux-arts ou d’histoire maritime ou des maisons d’illustres. Ils se différencient aussi des lieux de mémoire liés à la Seconde Guerre mondiale. Leur mission principale est de refléter la manière dont les communautés vivent et interagissent avec leur environnement. Ils offrent une expérience immersive, en constante évolution.

Ces musées permettent de mieux comprendre l’histoire quotidienne, les pratiques sociales et les identités locales.

L’écomusée explore les traditions rurales et urbaines, les métiers traditionnels, ainsi que les savoir-faire, l’architecture et l’artisanat. Une approche scientifique, mais avant tout sociale.

Un phénomène culturel incontournable et innovant pour la muséologie, mêlant histoire et mémoire d’un patrimoine.
Transmission et durabilité sont les maîtres mots de ce projet abouti mais en perpétuelle évolution, mettant l’humain et le territoire au cœur de l’étude.

Fanny Seewald pour le Style est

Photo de couverture : Maison à colombages avec pigeonnier, bâtiment numéro 17, Ungersheim (Llez).


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